- VÉLIN
- VÉLINVÉLINLe mot vélin désigne soit un papier très blanc et soigné, dépourvu de traces de vergeures et de pontuseaux (le papier dit vergé porte les traces de la forme, sorte de tamis où se croisent à angle droit des vergeures et des pontuseaux, sur lequel est étendue la pâte à papier pour être façonnée en feuilles; les vergeures laissent des marques horizontales, les pontuseaux des marques verticales, plus épaisses et plus espacées que les précédentes), soit une peau de veau préparée pour recevoir l’écriture ou l’enluminure. C’est très improprement qu’on désigne aussi sous le nom de vélin un parchemin très lisse et très fin, le parchemin étant fait de peaux de moutons, de brebis ou d’agneaux. Quelle que soit leur origine, ces peaux étaient épilées et raclées, saupoudrées de chaux éteinte et séchées; elles étaient ensuite blanchies et poncées, la peau de veau étant plus blanche et plus fine que celle de mouton. Les peaux ainsi préparées, parfois teintes de pourpre, étaient découpées en feuillets que l’on pliait en cahier. Les feuilles étaient ensuite réglées à la pointe sèche ou à la mine de plomb, avant d’être confiées au scribe ou à l’enlumineur. Les cahiers assemblés et reliés constituaient un livre ou codex ; le volumen ou rotulus était formé de peaux cousues ou collées bout à bout, puis roulées. La finesse et la blancheur des peaux ont varié selon les époques et selon le caractère plus ou moins luxueux des manuscrits.• 1611; veelin 1380; veeslin h. XIIIe; de veel → veau1 ♦ Peau de veau mort-né, plus fine que le parchemin ordinaire. Manuscrit, ornements sur vélin.♢ Cuir de veau. Reliure de vélin.2 ♦ Par appos. (1798) Papier vélin et absolt vélin : papier très blanc et de pâte très fine. Exemplaire sur vélin.Synonymes :- papier vélinvélinn. m.d1./d Peau de veau mort-né, qui a l'apparence d'un très fin parchemin.d2./d (En appos.) Papier vélin ou, absol., vélin: papier très blanc, de qualité supérieure à la surface particulièrement lisse et régulière.⇒VÉLIN, subst. masc.A. — 1. Peau de veau mort-né (ou d'un autre animal, comme l'agneau ou le chevreau), préparée pour l'écriture, l'illustration, l'imprimerie ou la reliure, plus lisse et plus fine que le parchemin ordinaire. Dessiner, écrire sur vélin; manuscrit, miniature sur vélin. Un authentique vélin, avec d'admirables lettres de missel et de splendides enluminures (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 23). Les reliures (...) en maroquin ou en vélin, en bois ou en cuir estampé (Civilis. écr., 1939, p. 14-7). V. parchemin ex. 1.— Peu usuel. Peau de vélin. Même sens. Les eaux-fortes de Rops (...) sur de la peau de vélin (GONCOURT, Journal, 1889, p. 1079).2. P. méton. Ouvrage ancien écrit, imprimé ou peint sur vélin. S'il me vient sous la main, Le long des quais, un vélin un peu jaune, Le titre en rouge et la date en romain, Au frontispice un saint Jean sur un trône, Le tout couvert d'un fort blanc parchemin, Oh! Que ce soit un Ronsard, un Pétrone, Un A Kempis, pour moi c'est un trésor (SAINTE-BEUVE, Poés., 1829, p. 80). Des meubles métalliques spéciaux (...) pouvant abriter chacun 58 vélins (CAIN, Transform. B.N., 1959, p. 25).B. — 1. Papier vélin (vieilli) ou vélin. Papier de belle qualité destiné à des tirages de luxe. Exemplaire sur vélin. Faites imprimer ces poésies chez Didot, sur vélin satiné (JOUY, Hermite, t. 1, 1811, p. 309). Des papiers de luxe (vélins et vergés, bible et simili-bible à base de chiffons ou d'alfa) pour les éditions soignées de bibliophile (Civilis. écr., 1939, p. 6-8).2. Toile vélin. Toile métallique sur laquelle on estampe le filigrane des billets de la Banque de France. (Dict. XIXe et XXe s.).C. — BROD. Dentelle d'Alençon (Dict. XIXe et XXe s.).Prononc. et Orth.:[
]. Ac. 1694: vélin, 1718: ve-; dep. 1740: vé-. FÉR. 1768: ve- [
-] (d'apr. Trév. 1704, v. FÉR. Crit. t. 3 1788, qui écrit vé-). Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1245 veeslin « peau de veau mort-né, plus fine que le parchemin ordinaire » (St Auban, éd. A. R. Harden, 1840: mun livre escrit en veeslin); 2e moit. XIIIe s. veelin (Du Denier et de la brebis, ms. BN 837, f° 269 r° ds H. OMONT, Fabliaux, dits et contes, p. 537: l'en escrit bien en veelin); 1360 velin (Inventaire des joyaux de Louis de France, duc d'Anjou, n° 36 ds LABORDE, p. 6); 1664 vélin (J. GUIFFREY, Comptes des bâtiments du roi sous le règne de Louis XIV, t. 1, col. 53: 334 feuillets de vélin); b) 1829 « ouvrage ancien, incunable imprimé sur vélin » (SAINTE-BEUVE, loc. cit.); 2. 1723 « dentelle d'Alençon, appelée aussi point royal » (SAVARY ds GAY); 3. 1798 papier-vélin (Ac.); 1811 p. ell. vélin (JOUY, loc. cit.); 4. 1869 toile véline (M. DU CAMP ds R. des Deux-Mondes, 15 mars, p. 306 ds LITTRÉ); 1904 toile vélin (Nouv. Lar. ill.). Dér. de l'a. et m. fr. veel (veau); suff. -in. Fréq. abs. littér.:124.
vélin [velɛ̃] n. m.ÉTYM. 1611; veeslin, une première fois au XIIIe; veelin, 1380; anc. franç. veel. → Veau.❖1 Peau de veau mort-né, plus fine que le parchemin ordinaire (→ Ébahir, cit. 1; maroquin, cit. 2). || Manuscrit, ornements sur vélin. || Dessiner sur vélin (⇒ Guiper). || Miniature sur vélin. — Cuir de veau. || Reliure de vélin (surtout aux XVIe et XVIIe siècles).REM. Selon M. Rheims, vélin désigne aussi une peau de porc :0 Les deux difficultés qui s'offraient au frère de Louis XIII sont celles rencontrées encore aujourd'hui par Jean Dorst, l'actif directeur du Muséum. Au premier chef, trouver de beaux vélins, c'est-à-dire des peaux de porc parfaitement lisses, parfaitement blanches.Maurice Rheims, la Très Noble Science des « vélins du Roi », in le Figaro Magazine, 21 avr. 1979, p. 108.♦ Ouvrage ancien, incunable imprimé sur vélin.2 (1723). Dentelle d'Alençon dite « point royal ».3 (1798). Par appos. || Papier vélin (→ 1. Garde, cit. 87, Balzac); n. m. (mil. XIXe), vélin : papier très blanc et de pâte très fine (où les traces de pontuseaux et de vergeures ne paraissent pas). || Exemplaire sur vélin. — || Toile vélin (et adj. toile véline), « (…) sur laquelle on estompe les lettres qui doivent former le filigrane intérieur du papier à billets (de banque) » (Maxime du Camp, 1869, in Littré).
Encyclopédie Universelle. 2012.